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Décryptage

CVEC : comment sont utilisés les 103 euros que vous versez à l’université ?

La CVEC est une taxe qui finance une partie des projets en faveur de la vie étudiante.
La CVEC est une taxe qui finance une partie des projets en faveur de la vie étudiante. © Adobe Stock/guy2men
Par Amélie Petitdemange, publié le 21 mai 2025
5 min

À chaque rentrée universitaire, les étudiants s’acquittent de la contribution à la vie étudiante et de campus. Mais comment est utilisé cet argent ? La Cour des comptes a dressé, en mai 2025, un bilan de cette taxe et propose des recommandations.

À chaque rentrée universitaire, les étudiants payent la CVEC , une taxe qui finance une partie des projets en faveur de la vie étudiante. Pour l’année 2024-2025, elle s’élevait à 103 euros par étudiant.

Au total, 170 millions d’euros ont été collectés auprès des étudiants, chiffre la Cour des comptes dans un rapport publié en mai 2025. Les Sages de la rue Cambon dressent "un bilan globalement positif des premières années de mise en œuvre de la CVEC", tout en soulignant "la complexité du dispositif".

Concrètement, la CVEC "a permis la mise en œuvre d’actions diversifiées des établissements et des CROUS en matière de santé, de culture, de sport, d’accueil et d’accompagnement social", explique le rapport.

Nouveaux équipements sportifs, ateliers théâtre…

L’université de Lorraine a par exemple collecté plus de quatre millions d’euros pour l’année 2023-2024, qu’elle a partagés entre deux postes de dépenses. Une part est versée aux services de la vie étudiante comme le centre de santé étudiante, le SUAPS, la direction de la documentation, la direction de la vie universitaire et de la culture et la délégation RSE.

Ces services dépensent cet argent en fonction de leurs projets et de leurs besoins. Ces dernières années, l’université a ainsi rénové un gymnase, mis aux normes une piscine, acquis des équipements sportifs, mené des actions de prévention sur la santé, créé des ateliers théâtre, etc.

L’autre partie est dédiée aux projets participatifs, qui sont proposés par les associations étudiantes, ou aux actions sociales, par exemple le versement d’aides ponctuelles. "Nous finançons aussi des événements festifs, comme le festival de rentrée universitaire, ou l’automne du handicap", ajoute Pierre Degott, vice-président du conseil de la vie universitaire à l’université de Lorraine.

Des subventions aux associations étudiantes

L’université de Tours a quant à elle récolté plus de 2 millions d’euros de CVEC cette année. Selon Stéphanie Picault, directrice de la vie étudiante et de campus, cette taxe a changé le visage de l’université. "Les bibliothèques sont devenus des tiers lieux où il y a des spectacles, des expos, du bricolage, une salle de sieste… Les associations étudiantes reçoivent aussi des subventions entre 15.000 et 30.000 euros pour organiser des événements sportifs et culturels. Cela permet par exemple de payer les cachets des artistes", illustre-t-elle.

La CVEC a également financé 40 postes d’étudiants ambassadeurs qui accueillent et intègrent les nouveaux arrivants, puis font remonter d’éventuelles problématiques à l’université.

Des bénéfices peu perçus par les étudiants

Pour autant, les étudiants corrèlent rarement ces actions à la CVEC. La Cour des comptes préconise une "communication renforcée sur le fonctionnement de la CVEC et ses projets" pour "améliorer la compréhension et l’implication des étudiants".

Un constat partagé par Alexis Chommeloux, vice-président vie étudiante, vie de campus, culture et sport à l’université de Tours. "Les vice-présidents étudiants, qui participent aux commissions, sont pleinement conscients que les universités seraient moins accueillantes et agréables sans cette CVEC. Mais leurs camarades ne comprennent pas forcément ce qu’on fait de cet argent. La communication est clairement le point faible des universités", souligne-t-il.

"Il faudrait que tous les étudiants sachent ce que deviennent ces 103 euros", abonde Pierre Degott, de l’université de Lorraine. Si l’établissement tente de communiquer sur les réseaux sociaux et sa newsletter, l’information a du mal à passer. Il réfléchit actuellement à de nouvelles actions, comme des événements qui mettent en avant les projets financés par la CVEC, et un guide sur la CVEC qui pourrait être mis à disposition par le CROUS.

Associer plus d’étudiants à l’utilisation de la CVEC

La Cour des comptes recommande également d’associer davantage les étudiants aux décisions concernant l’utilisation de la CVEC, par exemple en faisant siéger au moins 50% d’étudiants dans les commissions qui décident des projets. Un changement qui va être mis en place à l’université de Tours, assure Alexis Chommeloux.

L’université de Lorraine a quant à elle anticipé cette recommandation. "Nous avons modifié l’année dernière la composition du comité CVEC pour avoir 50% d’étudiants, contre 40% auparavant", souligne Pierre Degott. L’implication des étudiants reste cependant une difficulté. "Les comités se tiennent mais les étudiants ne sont pas forcément présents", admet-il.

Une contribution en "constante augmentation"

Le syndicat étudiant Unef plaide quant à lui pour la suppression de la CVEC. "C’est une taxe étudiante qui sert au désinvestissement de l’État", affirme Hania Hamidi, la présidente de l’UNEF. Le rapport de la Cour des comptes alerte d’ailleurs en ces mots : "Bien que la CVEC soit utile, elle ne peut répondre à tous les besoins des étudiants, notamment économiques, alimentaires, sanitaires et de logement, qui nécessitent une approche interministérielle".

Hania Hamidi pointe par ailleurs la "constante augmentation" de la CVEC. Elle est en effet passée de 90 euros en 2018-2019 à 103 euros en 2024-2025. Les Sages préconisent d’ailleurs de "limiter la hausse de la CVEC et préciser les modalités de calcul de cette évolution".

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